Ces jours-ci, on me brise le cœur. Tant de haine, tant de mauvaise volonté, et tant d'ignorance!
J'ai lu, et lu beaucoup, sur les Grandes Révolutions de ce monde.  Française, Américaine, mai 68, et compagnie. Et aujourd'hui, voilà une  nouvelle date historique, faisant partie d'un mouvement historique : le  22 mars 2012 à Montréal. Pour ou contre, c'est arrivé, c'est un fait, et  le mouvement est plus que présent. 
Nous voilà le 11 avril. Déjà. Le temps file! Je suis en grève générale  illimitée (GGI) depuis un mois, au moins. Et oui, je trouve le temps  long. J'ai hâte de ressortir crayons et pinceaux, oui. Mais ce temps ne  fut pas perdu, je peux vous en assurer. Je suis allée à quelques  manifestations, incluant le fulgurant rassemblement du 22 mars. J'ai  pris des moments touchants, des pancartes originales et imaginatives en  photo. J'ai vu des costumes, et toutes sortes de concepts plus farfelus  les uns que les autres pour se faire voir par les médias, par la  population et par le gouvernement. Mais surtout, j'ai vu la solidarité,  j'ai vu l'espoir et j'ai vu toute une communauté, la communauté  étudiante, venir de tous les coins du Québec, afin de scander haut et  fort leurs slogans, les yeux pleins d'une joie intense de savoir qu'ils  ne sont pas seuls à espérer mais aussi de colère face à l'obstination du  gouvernement. 
On me radote toujours les mêmes rengaines. La juste part tout d'abord.  Alors que nous-mêmes, étudiants, sommes les futurs contribuables qui  paieront impôts et taxes scolaires sous peu, ainsi que les études de nos  enfants. De la ''majorité silencieuse'' à laquelle on force à revêtir  une position d'anti-grève alors que la plupart des gens restant sous  silence n'ont pas d'avis personnel sur la question. On joue avec les  mots pour nous rabaisser, pour montrer tous ceux qui ne sont pas de  notre avis, cas isolés, pour faire croire que notre mouvement est moins  fort. J'ai honte. J'ai honte en ce jour de mon gouvernement. Je n'étais  pas fière à la base de ce patronat déguisé en démocratie, bien sûr, mais  aujourd'hui je peux pointer chacun des faits, chacune des méprises, et  ces beaux déguisements que sont les sophismes qu'on me vomit aux  oreilles. J'ai vraiment honte. 
Je suis allée à deux manifestations contre ce dégel auparavant, en 2007  et 2008 si ma mémoire est bonne. Et je comprenais plus ou moins les  enjeux à l'époque, j'étais surtout curieuse. Mais déjà, et depuis mes 13  ans, je m’intéressais à la politique. Et depuis, et entre autres grâce à  mes cours de philosophie d'histoire, il me faut le noter, je me suis  renseignée. Je me renseigne encore, et je me renseignerai toujours. Et  je veux que mes enfants, plus tard, aient accès à cette information eux  aussi. Je pourrai leur montrer beaucoup, mais à un certain âge, à la fin  de l'adolescence, ce sont cégeps et universités qui cultivent les  jeunes, ce ne sont plus les parents. Et je ne veux pas perdre cela. Qui  dit que j'aurai les moyens de payer leurs études? Quels seront les coûts  faramineux alors? Combinés aux hausses de taxes, impôts, et autres  nécessités, en aurai-je les moyens? Je ne le sais pas. Et dans un futur  plus proche, mes propres parents n'ont pas les moyens de me payer des  études universitaires. Alors je milite! 
Je veux que mes enfants, et que les enfants de tous les parents de la  classe moyenne et pauvre bénéficient d'une accessibilité au savoir. Que  ce monde soit plus équitable. Pour les jeunes d'aujourd'hui, et de  demain. Pour tous. Et je ne veux pas de concession à ce sujet. Le  mouvement étudiant actuel dont je fais partie refuse cette concession  aussi. L'on propose plus d’accessibilité aux prêts, ou plutôt,  devrait-on dire, plus d'accessibilité à l'endemment, alors que notre  province est la moins endettée au Canada par rapport aux études  post-secondaires, ce qui est loin de signifier qu'elle ne l'est pas! On  nous propose de fausses solutions afin d'éviter de faire face à la vraie  requête : le gel des frais de scolarité. 
Ne nous essoufflons pas devant un gouvernement entêté et borné! Ne  nous essoufflons pas devant un gouvernement sourd! Gesticulons et crions  plus fort, ces mois ne seront pas perdus en vain!
J'ai beau avoir honte de toutes sortes de comportements et de monologues  bornés, d'une autre part je suis fière. Fière de faire partie d'une  jeunesse impliquée et informée, fière d'une jeunesse éduquée. Et  j'espère que tout cela, ainsi que l'équité sociale, reprendront force et  ne mourront pas. NON À L'ÉLITISME, NON AU PATRONAT, OUI AU DROIT DE  PAROLE, OUI À LA LIBERTÉ DE PENSÉE, OUI À L'ACCESSIBILITÉ À UNE  ÉDUCATION DE QUALITÉ, ET CE POUR TOUS! 
Faut-il attendre le pire avant de bouger? Non. Même s'il approche à grands pas. 
Nous sommes encore là, Charest. Et ce, plus que jamais.
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